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Le pouvoir politique et les médias

Avant la révolution, les médias étaient largement utilisés comme organes de propagande du pouvoir autoritaire de l'ancien régime. Jusque dans les années 2000, l'Etat avait le monopole des médias audiovisuels et contrôlait l'information fournie par l'agence de presse officielle TAP.  Les quelques télévisions et radios privées autorisées depuis 2003 étaient majoritairement détenues par des membres du clan Ben Ali ou des hommes d'affaires proches du pouvoir.

Le secteur de la presse écrite était relativement plus diversifié, avec des titres appartenant à des partis d'opposition ou édités par des entreprises familiales. Le ministère de l'Information et l'Agence tunisienne de communication extérieure (ATCE) servaient les intérêts politiques du régime en exerçant des pressions sur les journalistes et en les maintenant dans une dépendance financière à travers les réseaux de distribution ou le financement public (publicité et abonnements). Les médias en ligne qui ne répondaient pas aux exigences du pouvoir pouvaient facilement être censurés.  Des journalistes ont également été emprisonnés, torturés ou victimes d'intimidations.

Des changements positifs depuis la révolution

Depuis le départ de Ben Ali, l'expression s'est considérablement libérée et le paysage médiatique s'est diversifié. Le ministère de l'information et l'ATCE ont rapidement été dissous et l'Agence tunisienne d'Internet a cessé de censurer les médias jusque-là interdits.

Le gouvernement provisoire et les instances créées pour mener la transition démocratique (comme l'INRIC) ont rapidement élaboré trois textes essentiels en faveur du pluralisme, de la liberté de la presse, de la régulation des médias audiovisuels et de l'accès à l'information (décrets-lois 115 et 116 promulgués le 2 novembre 2011 et le décret-loi 41/2011 relatif à l'accès aux documents administratifs des organismes publics). En plus de l'adoption de la nouvelle Constitution par l'Assemblée constituante, en janvier 2014, la mise en place de la HAICA, l'instance de régulation, et l'adoption récente de la loi sur l'accès à l'information par le Parlement sont venues consolider ces principes.

Les pouvoirs publics et les médias

La HAICA est une instance de régulation indépendante des pouvoirs publics, même si son président est nommé par le chef de l'Etat et deux de ses membres par le président du pouvoir législatif (décret-loi 116/2011). Elle est chargée de réguler le secteur des médias audiovisuels en octroyant les licences des chaînes de télévision et station de radio et en sanctionnant ceux qui contreviennent à la réglementation en vigueur.

L'Etat est également propriétaire des Etablissements de la télévision tunisienne et de la Radio tunisienne, ainsi que de la maison de presse SNIPE et de l'agence de presse TAP. La présidence du gouvernement est chargée de nommer les PDG de ces entreprises, en consultation avec la HAICA s'il s'agit des télévisions et radios publiques. L'Etat détient également des parts dans plusieurs médias confisqués qui appartenaient à des proches du régime de Ben Ali. Il est l'actionnaire majoritaire de médias comme Zitouna FM, Dar Assabah et Shems FM dont il nomme les PDG et assure la gestion. 

La question de nominations jugées partisanes des dirigeants de ces médias a posé problème, notamment sous la Troïka, le premier gouvernement après les élections de 2011 gagnées par le parti Ennahdha. Une crise au sein de Dar Assabah avait par exemple éclaté après que Hamadi Jebali, alors chef du gouvernement, a nommé Lotfi Touati à la tête de la maison de presse. Ce dernier était accusé de soutenir le parti islamiste et a été démis de ses fonctions à l'issue de cette crise. Il est actuellement Rédacteur en chef de Zitouna TV, également liée à Ennahdha et fondée par un cadre du parti. Plusieurs campagnes de dénigrement de la part de sympathisants de la Troïka avaient en outre été menées contre les médias publics, jugés trop hostiles au nouveau pouvoir et l'éventualité de privatiser la télévision nationale avait été émise. 

Des pressions encore présentes

Même si la parole s'est libérée depuis la chute de l'ancien régime, des journalistes et des médias continuent à subir des pressions ou des intimidations de la part du pouvoir en place ou de responsables politiques.

Prétextant la lutte contre le terrorisme, les pouvoirs législatif et exécutif ont tenté de restreindre la liberté de la presse, notamment par des projets de loi visant à interdire certaines critiques ou remise en cause des représentants des forces armées. De nombreux cas de violences des forces de sécurité contre les journalistes ont également été constatés, comme à la suite de l'attentat contre un bus de la garde présidentielle en novembre 2015. 

Si les cas de censure émanant directement du pouvoir en place sont rares, les journalistes peuvent en être victimes sous la pression de propriétaires de médias ayant des orientations politiques.

Des liens étroits entre les médias et les partis politiques

La télévision est le média qui attire le plus les politiciens, étant le média le plus populaire en Tunisie. Ainsi, après la révolution, plusieurs télévisions proches des islamistes ont vu le jour, rééquilibrant en quelque sortes le paysage médiatique qu'ils jugeaient hostile. La couverture médiatique des élections a montré en outre que de nombreux médias avaient privilégié des partis politiques, dénotant d'une ligne éditoriale orientée politiquement. (Voir Affiliations politiques)

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